C’était hier et c’est déjà loin. Je n’ai pas choisi d’être avocat : je voulais être magistrat mais concours raté. Il fallait bien faire quelque chose de ces 4 années d’études. Et puis papa et maman étaient tellement fiers…
Je n’ai pas vu passer les 22 premières années. J’ai subi les 6 années suivantes. Je me réinvente doucement depuis deux ans.
Trop tôt pour faire un bilan de ces 22 années de folie. L’amertume est encore trop présente (même si elle s’estompe un peu) pour avoir le recul nécessaire. Mais il y a eu de bons moments : ce sont ces souvenirs là que je veux garder.
Comme beaucoup, j’ai répété, répété, que je ne savais rien faire d’autre alors il fallait bien continuer. Jusqu’au jour où l’évidence s’est imposée et qu’il n’y a plus eu d’autre choix que de changer pour ma santé mentale. Je l’ai déjà évoqué dans un post.
Se réinventer n’est pas simple : on ne raye pas 28 ans d’habitudes en quelques mois.
Et puis j’avais au fond de moi quelque chose de sourd, lancinant, qui se dérobait dès que j’essayais de le saisir. Au point de devenir douloureux et de faire vaciller l’avenir…
Et j’ai soudain compris : c’était la culpabilité. D’abandonner mes confrères que je vois en souffrance, comme le sentiment de quitter égoïstement le bateau qui coule. D’abandonner la Justice que je vois s’écrouler, en la laissant tomber sans faire un geste pour l’empêcher.
Alors, par culpabilité, j’ai procrastiné pour mettre en place mes nouveaux projets. Mais mes confrères iront-ils mieux et la Justice se redressera-t-elle si je me saborde toute seule ? Vous avez bien sûr la réponse… et j’ai aujourd’hui, jour anniversaire, réalisé qu’il me fallait réagir autrement pour avancer et trouver une (autre) place dans le monde judiciaire que j’affectionne.
30 ans de Barreau le 13/12/2023. Fin d’une aventure, comme s’il avait fallu cette date précise pour le réaliser. Début d’une nouvelle aventure que je vais désormais construire…
PS : je vous ai dit que mon chiffre fétiche est le 13 ?
13 décembre 2023 – Ce texte n’a pas été écrit par une IA – Merci de respecter le droit d’auteur.
