Les temps est souvent vu comme un problème actuellement : ceci prend trop de temps, cela n’est pas fait par manque de temps… On court après, on le trouve trop long ou trop court, on le rend responsable.
« Les idées mûrissent comme les fruits et les hommes. Il faut qu’on laisse du temps au temps. Personne ne passe du jour au lendemain des semailles aux récoltes (…) ». François Mitterrand
Notre société actuelle ne tient pas compte de ce temps nécessaire. On nous propose des conseils ou formations qui vont nous aider, que ce soit à titre personnel ou professionnel. « Défi 21 jour pour ci », « Challenge 8 jours pour ça », « Formation 3x6h pour acquérir ceci », etc.
Nous avons alors la pression du temps : il faut changer, assimiler, appliquer sans pause, sans avoir la possibilité de mûrir l’idée, le conseil, le concept que l’on découvre, sans l’adapter à soi.
Lorsque j’ai ressenti le besoin de prendre soin de moi, notamment psychologiquement, j’ai voulu suivre ces défis et challenges, souvent intéressants sur le fond. Mais j’en sortais fatiguée, avec l’impression de ne pas avoir compris, ayant peu de résultats immédiats si ce n’est le sentiment d’être nulle et finalement sans amélioration.
En réalité, chaque étape a posé une petite pierre dans mon cerveau mais, pour avoir un résultat, il faut que le cerveau crée ensuite les passerelles entre ces informations (connexions neuronales) : or ces passerelles prennent du temps à se construire. Plus on va multiplier les informations dans tous les sens, plus le cerveau va mettre de temps à les relier entre elles et à bâtir des connexions. Donc plus nous mettrons de temps à recueillir les bénéfices de nos connaissances nouvelles… dans le cas où nous n’abandonnerons pas avant d’y être arrivé car « ça ne va pas assez vite »…
Je l’ai compris en 2023 alors que ce sentiment d’urgence à apprendre devenait vraiment inconfortable. Depuis j’appréhende donc chaque apprentissage à mon rythme mais sans me trouver nulle : je sais que mon cerveau va oeuvrer pour moi si je le libère de la surchage d’informations et si je lui laisse le temps de bâtir un réseau neuronal solide.
Il serait temps que nous réapprenions à « perdre » du temps pour en gagner ensuite, à ne pas se précipiter sur une tâche avec l’espoir qu’elle soit finie avant d’être commencée, à ne pas mettre en surchauffe notre cerveau et à s’en préoccuper autant que de nos téléphones portables que l’on chouchoute pour qu’ils durent longtemps.
Cette surchauffe du cerveau par le stress et la pression du temps risque un jour de créer la même obsolescence programmée que celle des batteries de nos téléphones… mais nous ne pourrons pas nous commander un nouveau cerveau chez Amazon…
2 janvier 2024 – Ce texte n’a pas été écrit par une IA – Merci de respecter le droit d’auteur.